Au-delà de la stricte présentation de la production artistique et des archives, il existe un défi à relever: celui de conserver et préserver la portée symbolique de chaque œuvre, qu’elle soit issue des usages ou de l’esprit. Comment éviter qu’un tel équipement ne donne l’image d’un entrepôt sourd et muet? Protectrices mais sereines, allant au-delà de l’univers dur, clos et austère qui caractérise les constructions destinées au stockage d’œuvres, les réserves s’affichent comme le symbole de l’engagement durable et visible du département pour la mémoire de la Savoie. Tel un «objet merveilleux», pur, parfaitement équarri, la géométrie précise du bâtiment forme un signal au sein de la zone d’activité. Véritable écrin, l’édifice offre une image renouvelée de la mémoire de Savoie et une mise en tension des architectures anciennes et nouvelles. À l’horizontalité de la plaine répondent deux blocs massifs de béton teinté, gravé de motifs faisant écho aux coffres savoyards traditionnels de la civilisation alpine. À la fois brutaliste et raffiné, le projet s’inspire de ces rangements hautement résistants au climat de montagne avec une force, une sincérité et une modestie décorée de leurs motifs et inscriptions. Dans l’épaisseur même des voiles de béton lisse, rouelles, rosettes et date de construction feront sens quant à la destination des lieux, évoquant tour à tour le soleil, l’éternel retour, le temps qui passe et la transmission aux générations suivantes. La composition du bâtiment s’inscrit dans la structure urbaine de la zone d’activité. L’édifice réinterprète le vocabulaire des mobiliers traditionnels pour affirmer son identité savoyarde tout en adoptant une palette chromatique sobre. Pour optimiser le stockage et atteindre une compacité intéressante du point de vue thermique et énergétique, le principe de composition en plan carré sur deux niveaux permet de s’approcher de la surface de façade minimale théorique et de limiter ainsi les déperditions.